Une histoire d'Art
Ambiance musicale : La leçon de Piano, de Michael Nyman
Il est des œuvres qui me remplissent d’un sentiment indicible. Des sculptures qui m’exaltent. Des films, pour lesquels je me dis « c’est ça… ». Des livres, que je pourrais relire et relire et relire, sans m’en lasser, parce qu’ils m’apportent à chaque fois quelque chose de nouveau.
Je pourrais rester des heures devant la Valse, de Camille Claudel. Des heures à observer le drapé du tissu, la main de l’homme sur la hanche, la main de la femme dans le dos de l’homme. Juste posées. Et pourtant tellement érotiques. Des heures à rêver leur histoire, des heures à décider si ce drapé, c’est leurs vêtements qui tombent, ou un linceul qui s’apprête à les recouvrir. Et son visage dans son cou… Une telle force, et un tel abandon. Des heures à contempler le mouvement figé dans la pierre, des heures à penser à elle, aussi… Elle qui est tellement présente dans son œuvre, elle dont un auteur à succès a dit « 30 ans de création, 30 ans d’asile ». Formule choc.
La leçon de piano, aussi. Pourtant, je n’ai vu ce film que 2 fois. C’est comme si je le gardais en moi, sans avoir besoin de le regarder très souvent. La première fois que je l’ai vu, j’ai été saisie. Souffle coupé. Touchée… au plus profond de moi. Accrochée à chaque image, à chaque respiration, à chaque note de musique… moi, la pas musicienne pour un sou. Et l'ambiance magique de ce film, les couleurs, cette petite fille qui danse sur la plage. Et aussi sa main burinée sur ses épaules nues.
Et pour les livres, c’est pareil…il y a notamment un livre que je relis, régulièrement. Il me permet de faire le point… et de trouver à chaque fois à l’intérieur, une petite phrase, un passage, un chapitre qui correspond exactement aux questions que je me pose à ce moment-là. Une histoire de vie, une histoire d’amour, une histoire de combat, aussi… Et puis aussi Antigone, d’Anouilh. J’aime... Et ses mains qui creusent la terre.
En écrivant cela, je me rends compte que ces trois œuvres, pourtant très différentes, ont des points communs non négligeables… Amusant, ça, je n’avais jamais fait le rapprochement. Je me rends compte que j’aime des œuvres auxquelles je peux m’identifier, dans lesquelles je peux me projeter.
Au cœur de chacune, il y a le combat d’une femme. Mon côté féministe qui prend le dessus, sans doute ;-) Une figure féminine intense, qui lutte… qui lutte d’une manière assez masculine d’ailleurs, totalement en contradiction avec les règles de son époque. Une figure qui se joue des convenances, et qui est prête à de lourds sacrifices pour enfin devenir elle-même.
Il y a aussi cette notion de choix. Le choix entre la mort et la vie, pour les quatre. Le choix entre lâcher prise, tomber, se laisser mourir, voire se tuer… ou au contraire se battre pour continuer. Dans mes quatre exemples, deux choisissent la vie, assurément, de toutes leurs forces… une choisit la mort. Et C . ? difficile à dire…
Et puis, partout, un érotisme sous-jacent. Un érotisme étroitement mêlé à un amour intense. Un érotisme… élégant. Troublant. Et délicieusement tentant. Un érotisme qui en choque certains, pourtant… je ne compte plus le nombre de regards horrifiés que l’on m’a lancés, lorsque j’ai parlé de la leçon de piano à des proches ^^
Bref, une femme, un combat, un choix, et partout de l’amour… un peu olé-olé… Moui, ça me paraît bien comme programme ;-)
Je souris en me relisant… je retrouve le plaisir d’écrire et de philosopher le soir, et c’est bien agréable ! Mais l’expérience est amusante… je me retrouve à écrire des choses que je ne savais pas il y a quelques minutes ! Je ne sais plus qui disait, en gros, on n’écrit pas ce qu’on a appris, mais on apprend ce qu’on a écrit. Pour ce soir, c’est très vrai !